Le Sobrarbe, une destination unique

Découverte
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Le Sobarbe, un territoire méconnu d'Aragon

Nichée au cœur des majestueuses Pyrénées espagnoles, la région du Sobrarbe recèle à la fois des lieux célèbres, comme le Parc National d'Ordesa-Mont Perdu. Et d'autres trésors bien plus confidentiels, valant quelques détours.

Une région qui offre un mélange unique de paysages, de patrimoine historique et de culture vibrante. Son relief le plus souvent abrupt, a permis au VIII siècle, de repousser les assauts des musulmans ; c'est aussi en partie de cette région, quelques siècles plus tard, que démarrèrent les premières vagues de Reconquista.

Pour les voyageurs et randonneurs en quête d'authenticité et d'aventure, le Sobrarbe offre des opportunités de découverte loin des sentiers battus.

 

Des paysages à Couper le Souffle
Avec ses canyons démesurés sculptés par les glaciers d'antan et des torrents tumultueux, des vires à couper le souffle, des forêts défiant la gravité, des reliefs ou plateaux arides et des sommets prestigieux comme le Mont-Perdu (3 355m.), le Parc National d'Ordesa est certainement le trésor le plus connu du Sobrarbe, et même d'Aragon.

Mais en dehors de ce massif, la région demeure confidentielle.

Pourtant, nombreux sont les attraits qu'elle offre : à l'est elle partage, avec un territoire voisin, le massif des Posets (3 375m.), qui n'est autre que le second sommet des Pyrénées. Bien moins connu que le Mont-Perdu ou que l'Aneto (3 404m., point culminant des Pyrénées), la masse imposante des Posets, à la géologie complexe, offre de magnifiques paysages : des estives immenses parsemées de granges, des forêts sauvages de pins, des lacs d'altitude à l'eau cristalline et un univers de haute-montagne qui offre de longues courses d'arêtes à plus de 3000 mètres d'altitude.

Non loin de là, encore plus sauvage et peu fréquenté -si ce n'est le très photogénique Ibon (lac) de Plan- se trouve le massif du Cotiella, absolument splendide. C'est certainement l'absence de refuge gardé et l'ampleur du massif qui décourage nombre de randonneurs. Le Cotiella surprend par les limites franches entre la végétation et les roches : pelouses et forêts s'arrêtent brutalement, quasiment sans transition, pour laisser place à un relief calcaire extrêmement aride, lunaire parfois, constitué de karsts et d'éboulis.

 

Des villages abandonnés témoins de la vie d'autrefois, d'une richesse historique et culturelle importante

Entre ces massifs pyrénéens et la Sierra de Guara, le Sobrarbe recèle d'innombrables villages abandonnés, principalement depuis un exode rural inouï, autour des années 60, qui trouve son origine dans la volonté de Franco : afin de profiter de l'énergie que représente l'eau venant des Pyrénées, il fallait construire des barrages pour produire de l'électricité (destinée à d'autres régions...). Et donc reforester les flancs des montagnes pour  limiter l'érosion qui risquait de drainer les alluvions vers les lacs. Cette reforestation, imposée, sonna la glas de l'agro-pastoralisme, qui était le fondement du mode de vie de ces villages. 

Le régime de Franco n'y allât pas par 4 chemins, comme au village de Mediano, qui était alors cerné de terres fertiles et dont ne demeure aujourd'hui que le clocher qui émerge des eaux du lac :  les habitants les plus récalcitrants durent le quitter de force face à la montée des eaux du barrage. Certains furent floués, avec des terres et maisons indemnisées à hauteur d'une misère.

À Janovas et les villages alentours, pour un projet de barrage (finalement avorté) les habitants des villages ne connurent pas meilleur sort : la société en charge de la construction du barrage n'hésita pas à dynamiter des maisons alors que  des habitants étaient encore dans le village, les poussant à quitter les lieux. D'autres eurent des contrats de relogement qui s'avérèrent fictifs, une fois leur maison d'origine détruite...

Ce triste passé qui visait à moderniser le reste de l'Espagne en fournissant de l'électricité aux grandes villes (les villages du Sobrarbe n'en bénéficièrent pas pour autant...) et à canaliser l'eau vers des terres plus en aval destinées à l'agriculture intensive, interrompit donc brutalement la vie de ces villages. L'attrait d'une vie plus facile en ville accentua le phénomène, Franco faisant d'une pierre plusieurs coups...

Aujourd'hui, ces villages fantômes gardent des traces de modes de vie séculaires, comme si le temps y était suspendu. Certains ressuscitent. Et les grands lacs dessinent un nouveau paysage d'eaux turquoises ou émeraude, entre la garrigue et les fameuses pinèdes.

Les chemins ancestraux qui reliaient ces villages sont autant de chemins de traverse que les randonneurs curieux peuvent parcourir. Il faut avouer que le charme de ces vestiges en pierre, parfois perchés sur des pitons rocheux, offrent des points de vues grandioses sur les grands canyons, dont celui d'Anisclo, et sur le massif du Mont-Perdu et de la Brèche de Roland.

Le village d'Ainsa -la partie du vieux village avec sa Plaza Mayor- est le principal bourg du territoire. Son patrimoine témoigne du passé glorieux de la région, avec ses ruelles pavées, ses églises centenaires et sa forteresse. Chaque pierre raconte une histoire, chaque rue révèle un secret.

 

 

 

Tella, San Juan y Pablo

Le village et les ermitages de Tella

Dans la partie amont du Sobrarbe, sur un flanc sud du massif d'Ordesa, le petit village de Tella, perché en amphithéâtre au-dessus de la vallée du Cinca, recèle quelques trésors.

Non loin de là, le dolmen de Tella, qui est plus exactement celui de Losa de la Campa (ou de Piedra de Vasar !), datant du Néolithique. Il fait face à l'imposant sommet du Castillor Mayor ; sommet qui offre d'ailleurs un remarquable panorama sur le Parc national d'Ordesa et du Mont-Perdu...

Mais le village de Tella est aussi connu pour ses ermitages, formant un triptyque qui l'entoure : l'ermitage de la Peña, celui de Fajanillas et enfin l'ermitage de los Santos Juan y Pablo. D'anciens écrits, remontant au XIII° siècle, faisaient mention de 7 églises pour le village et ses environs. Vous n'en verrez donc que 3 plus l'église du village. L'ermitage de los Santos Juan y Pablo, peut-être le plus photogénique d'entre tous, remonte au XI° siècle. Il s'agirait du plus vieil édifice du Sobrarbe. Tout comme le dolmen, la vue qu'il offre est absolument magnifique.

 

Ibon de Plan

L'Ibon de Plan, dans le massif de Cotiella : un lieu légendaire...

" L’Ibon de Plan est aussi surnommé le lac de la reine maure. Paraît-il qu’à l’aube de la San Juan, lorsque les premiers rayons du soleil viennent embraser les eaux du lac, une silhouette brillante s’élève au rythme du jour qui se lève, révélant une très belle femme au corps caressé de serpents argentés ; s’ensuit une danse magique, au cours de laquelle elle agite doucement l’eau, qui se met à tourbillonner et dans laquelle elle disparaît. Il s’agirait de l’âme d’une princesse maure fuyant la guerre entre chrétiens et les siens, qui se serait perdue dans les montagnes. Les anciens disent qu’elle est aussi ténue et légère que l’air des montagnes. Mais pour admirer la magnifique dame il vous faudra, lors de la nuit de la San Juan, vous laver le visage dans les eaux glacées du lac… et avoir le cœur pur et l’œil limpide pour qu’elle daigne s’offrir à votre regard.
Si tel n’est pas le cas, vous devrez vous contenter d’admirer le lac, ses forêts et ses pelouses qui l’entourent… ce qui n’est déjà pas rien. Le lieu est si photogénique, que c’est à se demander si le Grand Architecte ne s’est pas inspiré de ce dernier pour créer le Lake Louise au Canada ! ". Extrait du livre "Les plus beaux treks des Pyrénées" de David SERANO-GROCQ, Ed. Glenat.